Utiliser le style Ghibli : inspiration ou infraction ?

Style Ghibli : inspiration ou infraction

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Vous avez sûrement vu passer de nombreux formats de posts s’inspirant du style Ghibli pour une communication ou une création artistique, et vous souhaitez faire vous-même l’essai avec une image. Ce style est reconnaissable entre mille : des personnages expressifs, une ambiance onirique, une esthétique presque artisanale qui évoque un certain luxe visuel. Pour beaucoup d’artistes, de marques ou d’indépendants, s’en inspirer peut sembler une idée brillante pour créer du contenu engageant. Mais où se situe la limite entre hommage et infraction au droit d’auteur ? À quel point est-ce que vous vous exposez en empruntant ce design si distinctif pour la création de vos images ?

Le style Ghibli : un univers qui fascine artistes et marques

Depuis la création du Studio Ghibli par Hayao Miyazaki et Isao Takahata, son style visuel n’a cessé d’influencer des générations d’artistes et de communicants. Il résume à lui seul une certaine idée de la beauté graphique, mêlant finesse du trait, chaleur des décors et profondeur symbolique.

Une esthétique unique

Qu’est-ce que ce style Ghibli qui fascine autant ? Il repose sur une alchimie particulière entre couleurs pastel, décors foisonnants, atmosphères contemplatives et personnages expressifs. Cette « ambiance Ghibli » est reconnaissable au premier coup d’œil. Les œuvres du studio se distinguent par un souci du détail et une approche artisanale de l’image. Cela donne à voir des univers riches, souvent inspirés par la nature ou des architectures européennes, comme on pourrait en croiser dans certaines rues de Paris, entre immeubles anciens et ruelles verdoyantes.

Ce soin du visuel a fait du style Ghibli un référent graphique. Dans l’univers du luxe, certaines marques s’en sont inspirées pour suggérer une douceur de vivre, une finesse rare ou une expérience immersive. Ce type d’esthétique s’invite aussi dans des projets plus grand public : illustrations, décors d’événements ou même design de sites web.

Graphisme pastel de ghibli comme inspiration
Ce style pastel et doux séduit le public.

Pourquoi les personnages Ghibli inspirent autant d’illustrateurs et de marques ?

Totoro, Chihiro, Mononoke… ces personnages sont devenus des icônes culturelles. Leur force réside dans leur puissance visuelle et émotionnelle. Ils racontent quelque chose d’universel et de sensible. Pour une marque ou un créateur, s’appuyer sur cette force imagée permet de créer un lien rapide avec une audience sensible à l’univers de l’art et de la narration.

Dans un contexte où l’image a un pouvoir d’accroche immense, reprendre les codes visuels de Ghibli peut sembler stratégique : douceur des formes, palettes chaudes, ambiance nostalgique, tout est là pour évoquer le rêve et la confiance. Mais cette stratégie n’est pas sans risques si l’on ne maîtrise pas le cadre juridique.

Oeuvres de l’esprit et propriété intellectuelle : de quoi parle-t-on ?

Dès qu’on parle de style artistique, de personnages ou de design, on entre dans le champ du droit de la propriété intellectuelle. Et en France, ce cadre est réglementé, précis, et parfois plus restrictif qu’on ne l’imagine.

Qu’est-ce qu’une œuvre protégée par le droit d’auteur ? 

En droit français, une œuvre de l’esprit est protégée dès lors qu’elle est originale, c’est-à-dire qu’elle porte l’empreinte de la personnalité de son auteur. Cela peut inclure des textes, des musiques, des sculptures, des jeux vidéo, des films, mais aussi des dessins, des graphismes ou des personnages. Le droit d’auteur protège donc les créations originales dès leur réalisation. En France, le droit d’auteur est régi par le Code de la propriété intellectuelle, qui distingue les droits moraux et les droits patrimoniaux. Les droits moraux sont inaliénables et incluent le droit de paternité et le droit au respect de l’œuvre. Les droits patrimoniaux, quant à eux, concernent l’exploitation économique de l’œuvre et peuvent être cédés ou concédés sous licence.

Dans notre cas, le célèbre réalisateur du Studio Ghibli, Hayao Miyazaki n’a à ce jour pas réagi à tout cet engouement. Néanmoins, en 2016, dans un documentaire de la télévision publique japonaise NHK, il avait exprimé son opinion tranchée sur l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans son travail. Il avait déclaré : « Je n’aurais jamais l’idée d’intégrer cette technologie dans mon travail. Je pense sincèrement que c’est une insulte à la vie même. » Cette position reflète la philosophie protectrice du Studio Ghibli, qui privilégie l’authenticité et la créativité humaine dans ses œuvres.

Législation sur la propriété intellectuelle et les droit d'auteur
Voici l’article qui évoque les droits d’auteur dans le Code de la propriété intellectuelle.

Le cas spécifique du style visuel : protection de “l’ambiance visuelle”

Le style visuel, en tant que tel, est plus complexe à protéger juridiquement. Ce n’est pas la palette de couleurs ou un style graphique général qui peut être protégé, mais bien les éléments concrets et originaux : un personnage, un décor, un costume, une façon de représenter un mouvement ou une ambiance.

Autrement dit, on ne peut pas breveter une « ambiance Ghibli », mais si votre création y ressemble trop (scène, mise en scène, objets récurrents), elle peut être jugée comme un plagiat. C’est là que réside toute la difficulté : la limite est floue, et le risque juridique réel.

Personnages, images et éléments narratifs : ce qui est juridiquement protégé

Les personnages créés par le Studio Ghibli sont des créations originales, donc pleinement protégées par le droit d’auteur. Leur simple représentation visuelle est donc réservée à leurs ayants droit. Il en va de même pour les musiques, les dialogues ou les scènes emblématiques des films.

Cela concerne aussi les images fixes (captures d’écran, posters, produits dérivés). Utiliser ces visuels dans une campagne de communication ou sur un site professionnel sans autorisation peut donc entraîner une action en contrefaçon.

IA et copyright : les zones grises à l’ère du numérique

L’avènement des outils de génération d’images (entre autres) par IA bouleverse encore davantage le cadre légal. Aujourd’hui, un simple prompt dans un outil comme Midjourney ou DALL-E peut produire une image dans un style très proche de Ghibli. Mais qui est responsable ? Et l’utilisation commerciale est-elle légale ?

En France, aucune jurisprudence claire n’existe encore sur ces cas. Toutefois, les images générées par IA peuvent reproduire des éléments protégés (style, personnages, compositions), et leur usage pourrait être considéré comme une exploitation illicite. Les plateformes elles-mêmes limitent souvent les usages commerciaux sans licence.

Du côté des créateurs, le fan art, les NFTs et les contenus partagés sur les réseaux sociaux alimentent une tolérance floue. Mais celle-ci ne vaut pas reconnaissance juridique. Il est donc préférable d’anticiper les risques, notamment si vous visez une communication large ou professionnelle. D’ailleurs, en dézoomant à l’international, il faut savoir que des géants de l’IA générative ont été assignés en justice aux États-Unis, pour infraction au droit de propriété intellectuelle, mais aucun de ces dossiers n’a encore été tranché sur le fond.

Création visuel par IA du style Ghibli
Ici le même prompt a utilisé sur différentes IA. Mais aujourd’hui aucune sanction n’a encore été prononcée concernant les droits d’auteur.

Utiliser le style Ghibli : quels risques pour les professionnels ? 

Pour une entreprise, une marque ou un indépendant, utiliser le style Ghibli dans une campagne ou un design pose une question essentielle : à partir de quand cela devient-il risqué ?

En France, les actions pour contrefaçon sont nombreuses et peuvent conduire à des sanctions importantes. En cas d’utilisation non autorisée d’images, de personnages ou d’un univers reconnaissable, les ayants droit (soit les auteurs) peuvent demander des dédommagements, voire l’interdiction de diffuser le contenu.

On a vu des cas de bars éphémères à thème Ghibli à Paris se faire rappeler à l’ordre ou des campagnes de pub inspirées par Mononoke qui ont du être retirées sous pression juridique. Si votre activité repose sur une image publique, mieux vaut éviter le bad buzz.

Inspiration VS imitation : comment rester dans les clous légalement ?

Il existe un équilibre subtil entre l’inspiration sincère et la reproduction trop proche. Beaucoup de créateurs souhaitent rendre hommage à Ghibli sans pour autant enfreindre la loi. Heureusement, il est tout à fait possible de puiser dans cette esthétique et ce design tout en respectant la propriété intellectuelle.

Créer une œuvre « inspirée » sans reproduire

Ghibli n’est pas le premier sujet de controverse. La création d’image à la manière de Dr. Seuss ou de Pixard ont déjà été exploités par les utilisateurs. En revanche, s’inspirer d’une ambiance ne signifie pas reprendre une œuvre à l’identique. Vous pouvez construire un univers personnel qui reprend certains codes visuels ou thématiques (comme la nature, la contemplation ou l’enfance) sans jamais imiter des personnages, des décors ou des scènes entières. Cette inspiration peut se traduire par une approche poétique, une façon de raconter des histoires, ou un choix de mise en scène.

Il est essentiel d’éviter le mimétisme trop appuyé : reprenez les clés d’une émotion ou d’un univers, mais avec vos propres moyens d’expression. Cela renforce votre créativité et votre identité artistique, tout en garantissant votre tranquillité juridique.

Collaborations et licences : quand l’utilisation devient possible (mais coûteuse en euros)

Ici, il est question d’utiliser de réelles références empruntées aux auteurs de films des studios Ghibli dans une communication de marque. Et cela est possible mais avec l’obtention d’une licence d’exploitation officielle, notamment pour des produits ou événements. Mais ces licences sont rares, chères, et nécessitent souvent de passer par des intermédiaires japonais ou internationaux.

Tout le monde ne peut pas se le permettre. Les marques de luxe, elles, le peuvent. Pour les plus petites structures, il vaut mieux envisager des collaborations avec des artistes inspirés, mais non directement liés à Ghibli. Cela permet d’explorer des esthétiques proches, en toute sécurité, sans avoir à vous confronter à la propriété intellectuelle ou aux droits d’auteur.

Collaboration entre studio ghibli et marque
Exceptionnellement, les studios Ghibli collaborent avec des marques qu’ils estiment cohérentes comme ici, avec Levi’s.

Que pouvez-vous faire sur votre site ou vos réseaux sans risquer d’infraction ?

Sur les supports numériques, vous pouvez évoquer un style ou une ambiance Ghibli sans utiliser directement leurs images. Par exemple :

  • Créer des illustrations originales inspirées par les mêmes thématiques (imaginaire, nature, rêve).
  • Employer des métaphores ou références subtiles dans vos textes ou storytelling.
  • Utiliser une charte graphique douce, avec des typos manuscrites et des couleurs naturelles.

En revanche, toute reproduction de scènes, d’images ou de personnages sans autorisation reste interdite, même à visée non lucrative.

Créer ses propres images dans le style Ghibli sans enfreindre les droits d’auteur

Le style Ghibli, par son pouvoir narratif et visuel, est une source d’inspiration immense. Mais il faut rester vigilant : dans un monde où les droits d’auteur sont de plus en plus protégés (et surveillés), chaque image utilisée sur un site ou dans une campagne peut engager la responsabilité de son auteur. Open AI, avec ChatGPT n’est pas le seul concerné (mais c’est l’outil qui reproduit le mieux ce format stylistique) par ces discussions et repose la question du pouvoir de créativité de l’humain et celui des machines. Aujourd’hui, on parle de Ghibli car c’est celui qui fait énormément parler sur le toile, mais c’est un exemple parmi tant d’autres puisque d’autres styles, d’autres œuvres, d’autres formats sont également au cœur de ce sujet. La question reviendra aussi sur le tapis les concernant lorsque ce sera leur tour d’être utilisés avec l’IA. 

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